Silence on mange était le thème de la soirée Montréal en Lumière du restaurant le Van Horne. Pour moi, fille de communication, manger c’est bien sûr goûter et sentir mais c’est aussi, et beaucoup, partager avec vous, échanger avec les gens qui m’entourent le plaisir de la découverte. Pour un soir, ce serait impossible, interdit sous peine d’y laisser son plat, et croyez-moi, le menu signé Jens Ruoff donne le goût de retenir sa langue.
A l’apéro, on jase, on rigole, on se demande comment on pourra bien survivre à ça… Les commandes sont prises et puis, ça y est, c’est le décompte officiel 3-2-1 GO! Silence! Les premiers instants: malaise. Certains rigolent doucement, d’autres sautent sur leur mobile, les petits derniers regardent le plafond et un peu partout autour d’eux. Je sors mon calepin de notes et j’écris ce billet juste pour vous… Ça sent bon, le premier service s’en vient!
Arrivent les amuse-bouche… On commence à s’habituer au silence, le malaise s’envole lentement mais on sent le besoin de communiquer. Cellulaires, appareils photos, papier, crayons, langage des signes inventé, ça grouille un peu partout autour de moi. C’est délicieux et vous savez quoi, je ne peux le partager qu’avec vous! Le biscuit au comté, la crème moutarde aneth sont magnifiques, et que dire de la tête de sanglier et son radis confit, superbe! La suite…
Deux service et hop!, on est habitué… Le malaise est complètement dissipé. On apprécie le repas, on communique du mieux que nous pouvons entre nous, on rigole même. Mon plaisir, regarder les gens aux tables voisines. Écouter. Silence complet, ou presque. Le pas des serveurs, le bruit des casseroles et des ustensiles qui s’entrechoquent, les verres qui se remplissent puis qui se frappent (On entend Cheers! dans nos têtes!), la douche de la plonge qui s’active. La seconde entrée qui se pointe, suivi d’assez près par le plat de poisson.
On est à mi-repas, il ne reste que trois services. On dirait que je commence à m’ennuyer… Ce n’est pas négatif mais je constate qu’une fois la surprise passée, le plaisir de manger avec des copains est beaucoup de communiquer avec eux la découverte et le bonheur de la dégustation. A ma table, cinq blogueurs, des gens de mots et de communication. C’est vraiment difficile!
J’ai tout étudié de la déco. éclectique du Van Horne. Bill, le totem, la toile suspendue, les panneaux du pavillon de l’Iran de l’Expo ’67, c’est magnifique! Je lorgne maintenant de plus en plus vers mon téléphone. Est-ce que mes photos ont été commentées? C’est soudain une préoccupation importante. Je sens un urgent besoin d’interaction humaine. Tiens, un parfum me provient de la cuisine! Hmmmm, prometteur, ça sent bon! Généralement absorbé par nos conservations, on oublie trop souvent notre nez…
C’est avec l’arrivée du plat principal que nous avons découvert la nappe… en papier! Croyez-moi elle nous a servi grandement jusqu’à la fin du repas. A ce stade-ci, nous sommes de moins en moins dociles. On se raconte nos vies sur la nappe, on échange des messages avec les tables voisines, on s’étouffe dans nos rires, bref on passe tout prêt de perdre le foie gras!!!!!! Noonnn…
Voilà le pré-dessert… C’est beau hein?!? C’est bon aussi mais pas le droit de demander c’est quoi!
Et voilà, nous avons encore notre dernière bouchée de sucré en bouche que la musique revient doucement. Le défi est relevé, champagne!!!! On célèbre notre réussite! Wow!!! Honnêtement, ce fut toute une expérience, j’ai adoré!